Épisode 11

La magie des torches

Durée de lecture estimée : 16 minutes
Auteure : Cindy Balavoine

Dès que nous franchissons le seuil de la crypte, un cliquetis mécanique se fait entendre, suivi immédiatement par l’allumage soudain de deux torches fixées de chaque côté de l’entrée. Les flammes jaillissent dans un souffle brusque, projetant une lumière vacillante dans l’obscurité suffocante. Le bruit des flammes qui s’embrasent résonne dans le silence, amplifié par les murs de pierre autour de nous. Je suis prise par surprise, le cœur battant la chamade, et avant même que je puisse me contrôler, un cri strident m’échappe. Sans réfléchir, je me jette instinctivement dans les bras d’AJ, cherchant un refuge immédiat contre cette brusque montée d’adrénaline.

— C’est quoi ça ?! m’écrié-je, le cœur battant à tout rompre.

AJ éclate de rire, un rire nerveux mais qui semble aussi un peu moqueur, alors que je réalise ce que je viens de faire. Je m’écarte légèrement, un peu embarrassée, essayant de reprendre mon calme, mais l’écho du cri et le crépitement des flammes continuent de résonner dans mes oreilles. Ces torches m’ont vraiment prise de court, et je dois admettre que j’ai peut-être réagi un peu trop vivement. Mais après tout, qui pourrait me blâmer ? Avec tout ce qu’on a traversé, je suis sur les nerfs, et voir des torches s’allumer soudainement comme par magie… Eh bien, disons que ça n’a pas aidé.

— Je suppose que ce sont des torches, répond-il finalement, son ton à mi-chemin entre la plaisanterie et l’incrédulité.

Je m’écarte un peu plus, mon cœur tambourinant toujours dans ma poitrine, les battements si forts qu’ils résonnent presque dans mes oreilles. Je retrousse le nez et jette un regard méfiant aux flammes dansantes qui éclairent désormais la crypte d’une nouvelle lueur. Les ombres projetées par les torches semblent bouger avec une vie propre, amplifiant la sensation d’inquiétude qui s’empare de moi.

Je sens mon esprit rationnel essayer de reprendre le dessus, cherchant frénétiquement une explication logique à ce qui vient de se produire. Je connais les technologies modernes, les systèmes de sécurité, les détecteurs de mouvement… Mais dans un lieu aussi ancien ? Vraiment ? Et pourtant, une autre partie de moi, celle qui a déjà vu tant de choses surnaturelles et inexplicables ces derniers jours, ne peut s’empêcher de se demander s’il ne s’agit pas encore d’un coup de magie.

— D’accord… soit c’est de la sorcellerie, soit on vient de déclencher un mécanisme en franchissant un faisceau invisible, murmuré-je, ma voix encore un peu tremblante.

Je baisse les yeux vers mes pieds, scrutant le sol comme si j’allais y découvrir un rayon laser ou un quelconque piège subtil. Rien de visible, bien sûr, mais ça ne m’empêche pas de continuer à chercher, un peu par réflexe. Je tente de me convaincre que ce lieu pourrait être truffé de vieux mécanismes, ingénieux pour l’époque mais tout à fait explicables.

— Peut-être que ces torches sont reliées à un système archaïque mais astucieux, continué-je en fronçant les sourcils. Genre, une mèche qui s’enflamme automatiquement lorsqu’on franchit la ligne ? Un truc comme une vieille version de la domotique, adaptée au Moyen Âge…

Je me tourne vers AJ, cherchant dans son regard une réponse qui pourrait apaiser mes nerfs en feu. Il me fixe un instant, puis un sourire en coin se dessine sur ses lèvres, étirant ses traits avec une pointe de malice.

— Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ! me lance-t-il avec un clin d’œil, un sourire étiré jusqu’aux oreilles.

Je reste figée, le sourcil levé, surprise par les références d’AJ. Je suis mitigée. Je me retrouve partagée entre deux sentiments : est-ce que je trouve ça bien envoyé, ou est-ce que c’est carrément ringard ? C’est une réplique que j’aurais certainement pu faire… Je vais pencher pour bien joué mais je préfère ne pas relever, c’était purement et simplement de la moquerie. Je préfère poursuivre mon raisonnement.

— Ou alors, c’est juste un autre tour de magie pour nous faire flipper… après tout, on n’est plus à ça près, ajouté-je en roulant des yeux, tentant de masquer ma nervosité par une pointe d’humour sarcastique.

AJ, toujours souriant, me lance un regard complice, ses yeux pétillants d’une lueur malicieuse. Je peux presque lire dans son esprit qu’il s’amuse de mes réactions, même dans un endroit aussi sinistre que celui-ci.

— Sérieusement, Léna, tu crois vraiment qu’après tout ce qu’on vient de traverser, il est crucial de comprendre comment ces fichues torches s’allument ? Que ce soit de la magie ou un mécanisme, au fond, ça ne change pas grand-chose. Tout ici est glauque et tordu, et on est là pour une seule raison : trouver une piste sur l’endroit où se trouve l’Arbre des Sages. Si c’est ce que ta sœur a trouvé ici, alors c’est tout ce qui compte.

Je soupire, essayant de ne pas céder à la frustration. Mais force est de constater qu’il a raison. Depuis le début de cette aventure, la rationalité a pris un sacré coup, et peut-être qu’il est temps que je commence à l’accepter, à embrasser l’étrangeté de ce voyage.

— Bon, OK, concédé-je en croisant les bras, un peu boudeuse. Mais pourquoi diable toutes ces machineries doivent-elles se manifester de manière à me faire sursauter à chaque fois ? Franchement, il n’y a pas un manuel de magie quelque part qui précise que les torches qui s’allument toutes seules, c’est franchement effrayant ?

AJ éclate de rire, un rire franc et sonore qui résonne dans la crypte. Son rire, loin de me vexer, parvient à faire fondre ma mauvaise humeur. Je me retrouve à sourire malgré moi, sentant la tension se dissiper un peu, remplacée par une complicité réconfortante qui nous lie depuis le début de cette aventure.

— D’accord, promis, si on survit à tout ça, on écrira ensemble ce fameux manuel de magie, dit-il en hochant la tête, toujours amusé. Premier chapitre : “Comment ne pas effrayer Léna avec des torches qui s’allument toutes seules.”

— Et je veux un chapitre entier sur les trucs invisibles qui bougent dans l’ombre, rétorqué-je en lui donnant un petit coup de coude. Parce que ça, c’est juste abusé. Genre, on pourrait intituler ça “Les dix commandements pour ne pas donner de crises cardiaques à une héritière Delacroix.”

AJ rit encore, et cette fois, je le rejoins pleinement. Mais ce qui commence comme un simple rire partagé se transforme en quelque chose de plus profond, de plus intense. Nos rires s’éteignent doucement, laissant place à un silence chargé de quelque chose que je ne parviens pas à nommer. Nos regards se croisent, et soudain, le monde autour de nous semble disparaître, comme si la crypte, les torches, et même l’obscurité elle-même s’étaient évaporées, ne laissant que lui et moi, seuls dans cet instant suspendu.

Ses yeux, sombres et profonds, plongent dans les miens, et je ressens une étrange sensation, un frisson qui me parcourt l’échine. C’est comme si une connexion invisible mais palpable venait de se tisser entre nous, un fil d’émotion pure, brute, qui vibre à l’unisson. Le silence qui s’installe n’est pas seulement une absence de son, c’est une communion, un moment où les mots deviennent superflus, où un simple regard suffit à tout dire.

Je sens mon cœur battre plus fort, pas de peur cette fois, mais d’une étrange exaltation. Une chaleur douce, réconfortante, naît dans ma poitrine, se répandant lentement, remplissant chaque recoin de mon être.

AJ brise le charme, rompant cet instant inattendu en détournant le regard, une lueur malicieuse dans les yeux. Il se redresse légèrement et, avec un sourire en coin, attrape l’une des torches fixées au mur.

— Bon, on devrait peut-être prendre ces torches, propose-t-il, sa voix légère et teintée d’humour. Après tout, elles sont sûrement là pour qu’on évite de se casser la figure en avançant dans le noir. Loin de l’idée d’effrayer une Delacroix, bien sûr !

Je ne peux m’empêcher de sourire à sa boutade, reconnaissante qu’il ait su alléger l’atmosphère tout en redirigeant notre attention vers la tâche à accomplir. Malgré l’intensité de l’instant précédent, il a su nous ramener à la réalité de manière douce et efficace. Nous saisissons chacun une torche, la lumière vacillante des flammes éclairant notre chemin alors que nous nous enfonçons un peu plus dans la crypte.

La crypte s’ouvre devant nous, révélant une vaste pièce souterraine à peine illuminée par la lumière de nos torches. Les murs, faits de pierre brute et irrégulière, suintent d’humidité, témoignant des siècles passés dans l’obscurité. L’air est lourd, chargé de l’odeur du moisi et du poids palpable de l’histoire, comme si chaque pierre portait en elle les murmures d’un passé révolu.

À mesure que nous avançons, la sensation que les murs se resserrent autour de nous devient plus forte, comme si la crypte elle-même nous observait, attentive à chaque mouvement. L’atmosphère est oppressante, presque suffocante, me donnant l’impression que le moindre bruit pourrait réveiller quelque chose d’ancien et de redoutable. Pourtant, au-delà de cette oppression, je ressens une étrange excitation. Mon cœur bat plus fort, non seulement à cause de la peur, mais aussi de l’anticipation. Nous sommes enfin ici, au cœur de l’énigme laissée par Laurie.

Chaque fibre de mon être me dit que ma sœur est venue ici, c’est comme si sa présence imprégnait encore l’air de cette crypte. Je peux presque la voir, avançant prudemment comme nous, cherchant désespérément une réponse. Akaris, l’amulette que je porte toujours autour de mon cou, se réveille à son tour. Elle diffuse une douce chaleur contre ma poitrine, confirmant mon intuition. C’est comme si Akaris elle-même me murmurait que je suis sur la bonne voie, que ce lieu est la clé pour découvrir ce que Laurie a trouvé.

Je serre la torche un peu plus fort, sentant l’excitation et l’appréhension se mêler en moi. Ce lieu, malgré son caractère sinistre, pourrait bien être le dernier endroit où Laurie a laissé sa trace.

AJ et moi avançons lentement, nos pas résonnant dans l’immensité silencieuse de la crypte. Chaque son, aussi infime soit-il, semble amplifié par les murs épais, créant un écho qui se perd dans les profondeurs sombres. Le silence est presque total, brisé uniquement par le craquement occasionnel d’une pierre sous nos pieds ou par le souffle léger d’un vent inexpliqué qui s’infiltre par une fissure invisible. Ce vent, bien que discret, porte avec lui une fraîcheur qui fait courir un frisson le long de mon dos.

Nos torches, seules sources de lumière dans cette obscurité, projettent des ombres dansantes sur les murs. Ces ombres, mouvantes et insaisissables, semblent parfois prendre vie, jouant avec notre imagination, enfin, surtout la mienne !

À la lueur tremblotante, des inscriptions anciennes apparaissent soudainement sur les parois, des gravures mystérieuses qui semblent raconter une histoire oubliée depuis longtemps. Ces symboles sont étranges, peut-être même magiques, et je sens qu’ils recèlent des secrets que nous devons percer pour comprendre où se trouve l’arbre que nous cherchons.

AJ et moi continuons de scruter les murs, nos torches projetant une lumière qui révèle progressivement les détails des inscriptions. Les gravures anciennes sont en partie effacées par le temps, mais quelques-unes restent lisibles. Elles se déploient devant nous comme une fresque étrange, un enchevêtrement de lignes, de symboles et de figures géométriques qui semblent raconter une histoire ancienne.

Je m’approche d’un ensemble particulièrement complexe de gravures. Des cercles entrelacés, des lignes droites et courbes qui semblent se rejoindre en des points précis. Plus je les observe, plus je commence à comprendre. Ce n’est pas simplement un ensemble de symboles… c’est une carte. Une carte rudimentaire, mais une carte tout de même.

— AJ, regarde ça, murmuré-je en lui montrant les gravures du bout de ma torche. Ces lignes… elles forment un chemin.

AJ se penche à côté de moi, suivant du doigt les contours des gravures. Il hoche la tête lentement, son visage prenant une expression concentrée.

— Je crois que tu as raison. Ça ressemble à une carte, mais… elle est particulière. Regarde ici, ces courbes semblent décrire un terrain accidenté, peut-être une vallée. Et là, ces cercles… ils pourraient représenter une clairière, ou un point d’intérêt.

Je fronce les sourcils en me concentrant sur les détails. Mon regard se pose sur une gravure en particulier, un arbre gravé au centre de ce qui semble être une clairière. L’arbre est gravé avec une telle précision qu’il se distingue nettement du reste, comme s’il était le point focal de toute cette carte.

— L’Arbre du Sage, murmuré-je, mon cœur s’emballant à la vue de ce dessin. C’est là. C’est là qu’il faut aller.

La compréhension frappe AJ et moi simultanément. Cette carte, si rudimentaire soit-elle, nous mène directement à l’Arbre du Sage. Laurie devait avoir vu la même chose, suivi les mêmes indices pour arriver jusqu’ici. Je peux presque la voir, traçant les contours de cette carte avec ses doigts, déchiffrant ce que je viens de comprendre.

— On y est presque, AJ, soufflé-je, une lueur d’espoir dans la voix. Si Laurie a trouvé cette carte, elle a sûrement trouvé l’arbre.

Alors que nous sommes absorbés par notre découverte, un autre détail attire mon attention. Mes yeux se posent sur quelque chose de différent, quelque chose de plus récent. En dessous des gravures anciennes, à peine visible dans la pénombre, je remarque des marques plus nettes, plus actuelles. Je me penche pour mieux les voir et mon cœur s’arrête un instant.

Les gravures sont simples, presque rudimentaires, comme si elles avaient été réalisées à la hâte. Pourtant, elles sont précises. Ce ne sont pas de simples marques ; ce sont des chiffres. Juste à côté, les initiales L.D. sont inscrites, profondes et marquées, comme pour s’assurer qu’elles seraient trouvées.

— AJ, regarde… murmuré-je en désignant la gravure du bout de ma torche, ma voix trahissant l’émotion qui monte en moi.

Mon cœur rate un battement. Laurie était ici, c’est certain. Elle a laissé ces chiffres pour que je les trouve, pour que je suive ses pas. Juste à côté de la gravure, un petit caillou pointu gît sur le sol, probablement l’outil improvisé qu’elle a utilisé pour laisser ce message. Une vague d’émotion m’envahit. Ma sœur a fait tout ce qu’elle pouvait pour m’indiquer le chemin, même dans l’urgence.

— Ce sont des coordonnées GPS, dis-je à AJ, la voix tremblante d’émotion. Laurie les a gravées ici pour que nous les trouvions. Elle a décrypté la carte et nous indique le lieu avec précision.

AJ se penche à son tour, un regard de détermination dans les yeux.

— Elle voulait s’assurer que tu puisses la suivre, dit-il doucement.

Je hoche la tête, serrant le poing autour du caillou, sentant le poids de la responsabilité sur mes épaules. Ces coordonnées sont notre prochaine étape. L’arbre du Sage est peut-être là, et avec lui, le grimoire que nous cherchons désespérément.

AJ se redresse, jetant un regard autour de lui, comme s’il cherchait quelque chose pour noter les coordonnées gravées par Laurie. Il fouille dans ses poches, manifestement à la recherche de quoi écrire, mais je l’arrête doucement en posant ma main sur son bras.

— Tu n’en as pas besoin, AJ, murmuré-je, un léger sourire aux lèvres.

Il lève un sourcil, intrigué, et je sens le besoin d’expliquer ce que je n’ai jamais avoué à personne, même pas à lui, même pas à moi-même jusqu’à aujourd’hui.

— Depuis que j’ai touché Akaris, dis-je en caressant l’amulette contre ma poitrine, j’ai remarqué que je peux me souvenir de n’importe quel détail de ce que je vois. Comme une mémoire photographique incroyable. Je n’en ai jamais parlé parce que… je ne savais pas vraiment ce que c’était. Mais je me suis rendu compte que je me souvenais de tout ce que je voyais, avec une précision… inhumaine.

Je marque une pause, laissant mes mots flotter dans l’air entre nous, espérant qu’il ne me trouvera pas folle.

— C’est comme si… Akaris, cet œil en son centre, était une caméra qui enregistre tout ce que je vois et que je pouvais revoir à volonté, ajouté-je, mes yeux fixés sur les gravures, presque hypnotisée par leur simplicité et leur importance.

AJ m’observe attentivement, ses yeux plissés par la réflexion, puis un sourire doux étire ses lèvres.

— Et si c’était simplement toi, Léna ? Et si tu étais spéciale, tout simplement ? Tu n’as pas besoin d’une amulette pour ça, dit-il doucement.

Ses mots me frappent comme une vague chaude, me faisant presque vaciller. Le temps semble s’arrêter, comme suspendu dans cet instant d’éternité où ses paroles résonnent en moi. Un battement de cœur plus fort que les autres, et je sens le rouge monter à mes joues. Pourquoi est-ce que ces mots, si simples, ont un tel effet sur moi ?

AJ ne détourne pas le regard cette fois, son expression est sérieuse, sincère. Il s’approche lentement, presque imperceptiblement, réduisant la distance entre nous. Son visage n’est plus qu’à quelques centimètres du mien, et je peux sentir son souffle chaud contre ma peau.

Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression qu’il va sortir de ma poitrine. Je n’ose plus bouger, de peur de rompre cet instant magique, ce moment suspendu où tout semble possible. AJ continue de s’approcher, son regard plongeant dans le mien, me clouant sur place.

Il n’y a plus que nous, dans cette crypte, ce monde étrange et mystérieux. Je sens mes pensées s’embrouiller, se perdre dans les méandres de cet instant.

Mon cœur bat la chamade, chaque fibre de mon être en alerte, luttant entre la peur et l’excitation. J’ai une folle envie qu’il m’embrasse, que ses lèvres se délectent des miennes, que ce moment devienne tout ce que j’espérais. AJ s’approche encore un peu, ses yeux plongés dans les miens, et je peux presque sentir la douceur imminente de son baiser, l’électricité entre nous est palpable.

Mais alors que ses lèvres sont sur le point de rencontrer les miennes, un bruit assourdissant résonne dans la crypte, brisant l’instant suspendu et le charme qui nous avait enveloppés. La lourde porte par laquelle nous sommes entrés se ferme brusquement dans un fracas de pierre contre pierre, écho d’une puissance qui résonne à travers chaque recoin de la crypte.

Je sursaute violemment, le cœur battant encore plus fort, mais cette fois pour une toute autre raison. L’instant de douceur, de proximité, se dissipe instantanément, remplacé par une montée d’adrénaline. Le bruit continue de résonner dans l’air épais, me rappelant brutalement où nous sommes et pourquoi nous sommes là.

AJ se redresse rapidement, ses yeux toujours fixés sur la porte désormais close, et je sens la tension revenir, plus forte que jamais. Mon souhait, ce désir si proche de se réaliser, est brisé, repoussé par l’implacable réalité qui nous entoure.

— Qu’est-ce que… murmuré-je, à la fois déçue et inquiète.

L’instant magique s’est évanoui, remplacé par l’ombre menaçante du danger.

Je me précipite à grands pas vers la porte, la torche à la main, le cœur battant à tout rompre. La lueur tremblante de la flamme projette des ombres distordues sur la pierre froide alors que je m’approche de la porte désormais fermée. L’instant de douceur est remplacé par une peur viscérale, une urgence de comprendre ce qui vient de se passer.

Arrivée devant la porte, je me mets à la scruter avec frénésie. Je passe ma torche sur chaque centimètre de la surface, cherchant les symboles gravés de l’autre côté, ceux qui nous avaient permis d’entrer. Mes doigts glissent sur la pierre rugueuse, explorant chaque rainure, chaque imperfection dans l’espoir de trouver quelque chose, n’importe quoi, qui puisse nous aider à rouvrir cette maudite porte.

Mais rien. Pas de symbole, pas de poignet, pas de mécanisme apparent. La porte est aussi lisse que la pierre qui l’entoure, comme si elle avait été scellée par une force invisible, déterminée à nous garder enfermés ici.

Je m’agenouille pour examiner les pierres du sol, espérant y trouver un indice, une trace de la machinerie cachée qui aurait pu déclencher la fermeture de la porte. Mais une fois encore, rien. Juste la pierre froide et lisse qui semble se moquer de mes efforts désespérés.

— Il n’y a rien !, murmuré-je, le désespoir s’insinuant doucement dans ma voix. Pas de poignée, pas de mécanisme, rien qui puisse nous sortir d’ici…

C’est à ce moment-là que la réalité nous frappe de plein fouet : la porte est fermée, hermétiquement scellée, et aucun mécanisme ne semble permettre de l’ouvrir de l’intérieur. Mon cœur se serre, une vague de panique commence à m’envahir, mon esprit cherchant frénétiquement une solution. Mais avant que je ne perde complètement pied, AJ pose une main rassurante sur mon épaule, son regard ancré dans le mien.

— Hé, respire, murmure-t-il, sa voix douce mais ferme. On va trouver un moyen de sortir d’ici. Souviens-toi, ce n’est pas juste un piège, c’est une étape dans notre quête. On doit garder la tête froide, penser à l’Arbre du Sage, au grimoire de l’ombre… et à Laurie.

Je hoche la tête, m’efforçant de suivre son conseil, de retrouver mon calme. Muni de nos torches, nous reprenons notre exploration de la crypte, décidés à trouver une issue. Dans la partie obscure que nous n’avons pas encore explorée, nous découvrons une voute massive, imposante, qui semble garder jalousement ce qu’elle abrite.

AJ avance prudemment, dévoilant deux couloirs qui se séparent de chaque côté de la voute. Où mènent-ils ? Quelle direction devons-nous prendre ? Mon instinct me pousse à réfléchir, mais avant que je ne puisse formuler un plan, nous prenons le couloir de droite, notre curiosité prenant le dessus sur la prudence.

Les minutes passent, longues et pesantes, alors que nous marchons dans ce couloir sombre et étouffant. Nos pas résonnent contre les parois de pierre, brisant le silence angoissant de ce labyrinthe souterrain. Chaque mètre parcouru semble nous éloigner de notre but, et pourtant, nous avançons.

Mais soudain, nous tombons sur une impasse. Le couloir se termine abruptement, sans aucune ouverture, aucune issue. Mon cœur s’emballe à nouveau, une panique froide et désespérée s’insinuant en moi. Nous sommes pris au piège dans un labyrinthe souterrain, une prison sans issue apparente.

— Non, non, non… m’écrié-je, mon souffle se faisant plus rapide. On est coincés…

AJ m’observe, la détermination se lisant sur son visage.

— On va faire demi-tour, dit-il calmement. On trouvera une autre sortie. Ne lâche pas maintenant, Léna.

De retour dans la crypte principale, je tente de reprendre mes esprits, de me concentrer. Je m’efforce de calmer le tourbillon de pensées dans ma tête et de prêter attention à chaque détail des parois autour de nous. C’est alors que quelque chose me frappe, un détail que j’avais manqué dans la précipitation.

Au-dessus de chaque entrée, des symboles sont gravés dans la pierre, discrets mais distincts. L’un représente l’étoile du matin, et l’autre… les gardiens. Mon esprit s’éclaire soudain.

— AJ, attends ! dis-je en me tournant vers lui, une lueur d’espoir dans les yeux. Je crois savoir comment sortir d’ici !

Il s’approche, intrigué, et je lui montre les symboles.

— Ces symboles… ils ne sont pas là par hasard. Je pense que l’un d’eux indique la sortie. Le symbole de l’étoile du matin… c’est peut-être notre guide.

À suivre…

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Léna et le grimoire de l'ombre

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