Durée de lecture estimée : 19 minutes
Auteure : Cindy Balavoine
Avez-vous connu cette série des années 90 appelée Les Contes de la Crypte ? Mon père avait les DVD des sept saisons, et avec Laurie, on adorait regarder les épisodes dans le noir, presque cachées sous la couette. Papa ne le savait pas, bien sûr, il ne voulait pas que je regarde ce genre de chose à la télé, trop effrayant pour une petite fille. Mais c’était justement ce qui rendait la chose encore plus excitante.
Si vous avez déjà vu cette série, vous vous souvenez peut-être du squelette, le gardien de la crypte, qui apparaissait au début de chaque épisode. Il sortait de son cercueil avec un rire macabre, lançant une blague sinistre ou une remarque sarcastique, avant de nous plonger dans une nouvelle histoire terrifiante. Ce squelette n’était pas seulement un narrateur, il était aussi un guide, nous préparant à affronter ce qui allait venir, avec un humour noir qui ne laissait jamais présager rien de bon.
Et maintenant, étrangement, en me tenant là, devant ce moine tout aussi énigmatique, je ne peux m’empêcher de penser à cette série. J’ai l’impression d’être entrée dans un épisode des Contes de la Crypte, où les choses prennent toujours une tournure inquiétante. Le moine me fixe de ses yeux perçants, et je ne peux m’empêcher de me demander : que va-t-il se passer ensuite ? Une chose est sûre, ça n’annonce à priori rien de bon…
Mais une question me taraude : pourquoi ce moine décide-t-il soudain de nous aider ? Est-ce un piège ? Son attitude bienveillante pourrait dissimuler autre chose. Je tente de lire dans ses yeux, de deviner ses intentions, mais c’est comme essayer de déchiffrer un livre fermé à double tour. Son regard perçant, presque inhumain, me fixe avec une intensité qui me glace le sang. Cet homme, avec ses traits sévères et son aura mystérieuse, semble tout droit sorti d’un film d’horreur des années 80. Une partie de moi s’attend presque à ce qu’il se transforme en une créature des ténèbres, un sourire malveillant aux lèvres. Est-ce que c’est un démon ?
AJ me lance un regard. Il se pose probablement la même question que moi. L’atmosphère lourde et oppressante du monastère n’aide en rien. Chaque ombre semble plus sombre, chaque coin plus menaçant sous cette lumière tamisée.
Je sens une vague de panique monter en moi, mon cœur battant de plus en plus fort contre ma poitrine. Mon instinct me crie de faire demi-tour, de fuir cet endroit sinistre avant qu’il ne soit trop tard. Mais alors que je suis sur le point de céder à la peur, AJ, sentant probablement ma tension, glisse sa main dans la mienne. Son contact est ferme, rassurant, comme une ancre dans cette mer d’incertitude. Instantanément, la panique qui menaçait de m’envahir se dissipe, remplacée par une étrange sensation de calme. C’est comme si la chaleur de sa peau avait le pouvoir de repousser les ténèbres qui nous entourent.
Nous n’avons pas le choix, nous devons faire ce qu’il nous demande. Laurie a peut-être dû passer par les mêmes épreuves, et si c’est le cas, je dois suivre ses traces, quel que soit le prix à payer. Mon instinct me dit de rester sur mes gardes, mais l’urgence de la situation me pousse à agir. Peut-être que ce moine n’est qu’une illusion, un test supplémentaire pour évaluer notre détermination. Ou peut-être est-il réellement là pour nous aider… ou nous tromper.
Je prends une profonde inspiration et hoche la tête en direction du moine, même si chaque fibre de mon être me crie de ne pas lui faire confiance. AJ, toujours prêt à foncer tête baissée, se tient à mes côtés, prêt à affronter l’inconnu avec cette bravoure un peu insouciante qui le caractérise.
— Quelle est cette énigme ? demandé-je, essayant de garder ma voix stable malgré la boule d’angoisse qui commence à se former dans ma gorge.
Le moine esquisse un sourire, un rictus qui me semble à la fois rassurant et terriblement inquiétant, comme s’il savait que nous n’avions d’autre choix que de lui faire confiance. Il se tourne sans un mot et commence à marcher, ses pas silencieux glissant sur le sol de pierre comme s’il flottait. Nous n’avons d’autre option que de le suivre à travers les couloirs sombres et silencieux du monastère. Chaque pas résonne dans cet endroit sacré, amplifiant l’écho de nos pas hésitants, nous rapprochant de ce qui pourrait bien être la clé pour retrouver Laurie… ou notre perte.
Le moine s’arrête finalement devant une ancienne porte en bois sculptée, ornée de symboles et de gravures qui semblent dater d’une époque révolue. La porte, imposante, est marquée par le temps, ses gravures à peine visibles sous la couche de poussière et de vieilles toiles d’araignée. Il se retourne vers nous, une expression grave sur le visage, ses yeux perçant à travers l’obscurité environnante.
— Vous cherchez à percer le mystère des symboles gravés sur la statue, n’est-ce pas ? dit-il d’une voix basse, presque un murmure qui résonne dans les profondeurs de la salle.
Je hoche la tête, me sentant de plus en plus nerveuse. AJ, à mes côtés, serre légèrement ma main, un geste de soutien qui ne passe pas inaperçu, même si mon esprit est trop préoccupé pour pleinement l’apprécier. La présence du moine, ses yeux perçants, sa voix chargée de mystère, tout cela semble irréel. À cet instant précis, je me demande si nous sommes vraiment prêts pour ce qui va suivre.
Le moine esquisse un sourire énigmatique, comme s’il savait que nous étions déjà trop loin pour faire demi-tour. Il lève une main et effleure la surface rugueuse de la porte, ses doigts suivant les contours des symboles gravés.
— Les symboles anciens ne se dévoilent qu’à ceux qui sont capables de voir au-delà de ce qui est visible, capables de comprendre le lien entre le ciel et la terre, entre l’ombre et la lumière, murmure-t-il, son ton empreint d’une sagesse insondable.
Une vague de frissons traverse mon échine. Je me souviens alors de ce que j’ai lu dans le journal des Delacroix, une mention concernant Akaris et sa capacité à révéler ce qui est caché aux yeux ordinaires. Mon cœur bat plus fort à cette pensée. Est-ce possible que cette amulette, qui m’a déjà tant guidée, puisse encore une fois nous montrer la voie ?
Je prends une profonde inspiration, mes doigts glissant jusqu’à l’amulette qui repose contre ma poitrine. Le métal est froid sous ma main, mais une chaleur familière commence à se diffuser en moi, me donnant la force de faire ce qui doit être fait.
— Je crois que c’est à moi de jouer, AJ, dis-je doucement, en relevant le regard vers lui.
Il acquiesce silencieusement, me laissant prendre les devants. Lentement, je m’approche de la porte et, suivant une intuition profonde, je pose l’amulette contre un point précis, un petit cercle gravé qui semble étrangement familier. Aussitôt, une lueur douce émane d’Akaris, enveloppant la porte d’une lumière dorée.
Les gravures sur la porte commencent à changer, comme si elles prenaient vie sous nos yeux. Les symboles s’illuminent, se transformant en une langue ancienne que je ne reconnais pas. Pourtant, comme si une force invisible guidait ma compréhension, je me surprends à lire ces mots à haute voix, une phrase inscrite depuis des siècles dans la pierre :
— Lorsque le guide céleste se tient à son zénith, les cercles de la création s’aligneront. Sous leur union, les Gardiens endormis lèveront le voile de protection. Seuls ceux qui comprendront la danse du firmament pourront révéler le passage caché, récité-je, ma voix tremblant légèrement.
AJ me regarde, ébahi, et le moine acquiesce avec un sourire approbateur.
— Vous avez compris l’essence de ces symboles, dit-il avec une certaine satisfaction. Mais ce n’est que le début de votre épreuve. La vraie clé se trouve dans la manière dont vous appliquerez ce que vous venez de découvrir.
Je fronce les sourcils, essayant de comprendre ce que cette énigme signifie vraiment. Chaque mot semble peser lourdement dans l’air, comme s’ils détenaient une vérité ancienne que je ne parviens pas encore à saisir. AJ, à côté de moi, murmure les mots à voix basse, répétant chaque phrase, chaque terme, comme pour les imprégner dans sa mémoire, ou peut-être pour en saisir chaque nuance cachée.
— Le guide céleste… c’est sûrement l’étoile du matin, dis-je à AJ en faisant le lien avec les notes de Laurie, une lueur d’excitation dans la voix. Ça doit bien être ça, non ?
AJ hoche la tête, ses yeux fixés sur un point invisible, plongé dans ses propres réflexions.
— Oui, l’étoile du matin se réfère probablement à une position spécifique d’une étoile, ou peut-être à Vénus, qui est souvent appelée ainsi, ajoute-t-il en passant une main dans ses cheveux, un geste nerveux que je n’avais encore jamais remarqué chez lui. Ou alors, on pourrait être dans un épisode de science-fiction où l’étoile du matin est un vaisseau spatial… mais restons réalistes.
Je réprime un sourire face à sa tentative d’humour. AJ est souvent si sérieux que le voir faire une blague, même dans un moment pareil, me donne un peu de réconfort. Mais je me concentre sur l’essentiel.
— Les cercles de la création… Ce sont sûrement les cercles entrelacés, murmuré-je en essayant de visualiser les symboles dans ma tête. Laurie a noté ce dessin avec beaucoup d’attention, cela doit être crucial. Peut-être qu’elle a aussi envisagé qu’il s’agissait de l’ouverture d’un portail vers une autre dimension… ou juste une configuration astrologique.
AJ lève les yeux vers moi, un sourire en coin. Il semble apprécier que je reprenne son humour, même si la situation reste tendue.
— Quant aux Gardiens… ce sont les deux runes, l’une pour la protection, l’autre pour les Gardiens eux-mêmes, ajoute AJ, une lueur de compréhension dans les yeux. Enfin, je crois. Avec un peu de chance, ils ne viendront pas nous hanter si on se trompe d’interprétation.
Je commence à voir comment tout cela pourrait s’assembler. Mon esprit trace les lignes entre les étoiles, les runes et les cercles, comme si une carte invisible se dessinait dans mon esprit.
— Les cercles entrelacés représentent peut-être une configuration astrologique ou une date précise, liée à la position de l’étoile du matin, dis-je en me mordillant la lèvre. Lorsque ces cercles s’aligneront, les Gardiens, symbolisés par les runes, lèveront la protection, ouvrant ainsi le passage caché… C’est un peu tiré par les cheveux, non ?
— Ou alors c’est exactement ça, répond AJ en plissant les yeux. Nous devons trouver la bonne configuration de ces symboles et si nous les alignons correctement au pied de la statue, cela devrait déclencher l’ouverture du passage. Un peu comme dans un vieux film d’aventure avec des pièges partout, mais sans la bande sonore angoissante… enfin, j’espère.
Je respire profondément, essayant de calmer l’excitation et l’anxiété qui bouillonnent en moi.
— Mais il y a une subtilité… dis-je en réfléchissant à voix haute. Nous devons savoir précisément quand l’étoile du matin est à son zénith, c’est-à-dire au moment où elle est à son point le plus haut dans le ciel. Peut-être que cela a un lien avec une heure spécifique ou une période de l’année. Ou bien, je me fais des films et on n’aura qu’à attendre qu’une comète passe…
Le moine, qui était resté silencieux pendant toute notre réflexion, nous observe avec une curiosité bienveillante. Son regard semble peser chaque mot que nous avons prononcé, comme s’il testait notre compréhension.
— Je vois que vous commencez à comprendre, dit-il d’un ton presque paternel. Vous devez maintenant retourner à la statue, et avec les connaissances que vous avez acquises, aligner les symboles dans l’ordre exact. Mais méfiez-vous… une seule erreur pourrait rendre vos efforts vains. La précision est la clé.
Ses derniers mots résonnent en moi, ajoutant une pression supplémentaire. AJ me lance un regard, et je lis dans ses yeux la même détermination que dans les miens.
— Et si on fait une erreur ? demandé-je, espérant qu’il ait un plan B.
— Vous ne voulez pas le savoir, répond-il mystérieusement avant de s’éloigner.
Génial, un mystère de plus… Comme si on n’avait pas déjà assez de choses à gérer.
Nous retournons rapidement vers la statue, nos esprits encore absorbés par l’énigme du moine. Les couloirs du monastère semblent plus sombres, plus oppressants, comme si le poids des secrets qu’ils sont sur le point de nous révéler les alourdissait.
Arrivés devant la statue, nous prenons un moment pour observer de nouveau les symboles gravés sur sa base. L’air est lourd de tension, chaque souffle semble résonner plus fort dans ce silence sacré. Le lieu semble retenu dans une attente presque palpable, comme si les murs eux-mêmes anticipaient ce que nous étions sur le point de faire. La lumière des bougies vacille légèrement, projetant des ombres dansantes sur la pierre usée.
— D’accord, commençons par l’étoile du matin, dis-je, mon cœur battant plus vite que d’habitude. Une partie de moi est convaincue que si nous faisons une erreur, tout cet endroit pourrait s’effondrer sur nous… ou pire.
AJ hoche la tête, concentré, et examine attentivement les symboles. L’étoile à cinq branches est discrètement gravée dans la pierre, son dessin simple mais imposant. Elle semble briller d’une lueur étrange, presque imperceptible, sous la lumière tamisée. Il pose doucement ses doigts dessus, comme pour en comprendre la texture et l’essence, ses mouvements lents et calculés.
— Si l’étoile du matin est à son zénith, cela signifie qu’elle est au plus haut dans le ciel, murmure AJ, plus pour lui-même que pour moi. Il doit y avoir une manière de représenter ce moment précis sur la statue.
Il commence à tourner légèrement le symbole de l’étoile, cherchant un mécanisme caché. Rien ne bouge au début, puis un léger clic se fait entendre, brisant le silence avec une résonance inattendue. Je retiens mon souffle, espérant que cela fonctionne, mes mains moites par l’anxiété.
— Regarde ! murmuré-je en pointant les cercles entrelacés juste en dessous de l’étoile. Ils semblent être reliés à l’étoile. Peut-être que lorsqu’elle est alignée correctement, les cercles se mettront en place.
AJ acquiesce, ses doigts agiles manipulant les cercles entrelacés. Il les tourne doucement, les alignant un à un. Après quelques ajustements minutieux, les cercles semblent se superposer parfaitement, créant une forme nouvelle et harmonieuse, presque hypnotique. Une légère vibration parcourt la statue, presque imperceptible, mais suffisante pour nous faire comprendre que nous sommes sur la bonne voie. Le sol semble légèrement trembler sous nos pieds, comme si la terre elle-même répondait à nos actions.
— Les Gardiens… dis-je en me concentrant maintenant sur les runes. Si nous avons bien compris, une fois que l’étoile et les cercles sont en place, les runes doivent être activées pour lever la protection.
Je m’agenouille pour mieux voir les runes gravées à la base de la statue. Elles sont anciennes, leurs lignes encore nettes malgré les siècles passés, comme si elles avaient été préservées par une force mystérieuse. La première rune, celle marquée “Protection”, est entourée d’une aura presque palpable, une énergie qui semble vibrer dans l’air, repoussant quiconque tenterait de l’effleurer. Je sens une résistance invisible, comme si quelque chose cherchait à me dissuader de continuer.
— AJ, je crois qu’il faut d’abord activer la rune de la Protection pour la lever, murmuré-je, ma voix trahissant une pointe d’hésitation alors que je tends la main vers le symbole.
Il me regarde, incertain, mais hoche la tête. Nous n’avons pas d’autre choix. Avec précaution, je touche la rune et la presse doucement. Un nouveau clic se fait entendre, plus fort cette fois, résonnant dans tout le monastère. La rune s’enfonce légèrement dans la pierre, et je sens une chaleur émaner de la statue, comme si une barrière invisible venait de se lever, dissipant l’aura qui l’entourait. L’air autour de nous semble vibrer d’une énergie renouvelée.
— Maintenant, la rune des Gardiens, dit AJ, la voix teintée d’une excitation qu’il ne peut contenir. C’est comme si nous étions dans un film d’aventure, sauf que tout cela est bien réel… et potentiellement mortel.
Il appuie sur la deuxième rune, celle marquée “Gardiens”. Un grondement sourd se fait alors entendre, faisant vibrer les murs du monastère. La statue commence à trembler, chaque pierre émettant un léger craquement sous la pression. La base de la statue, que nous pensions immobile et solide, commence lentement à se déplacer, glissant sur elle-même dans un mouvement fluide et inattendu. Lentement, elle pivote sur elle-même, révélant un escalier de pierre qui descend dans les profondeurs du monastère, un passage caché depuis des siècles.
— Ça a marché… murmuré-je, les yeux écarquillés par la surprise. Mon cœur bat la chamade alors que je regarde cet escalier sombre et mystérieux, une invitation à plonger encore plus profondément dans l’inconnu. L’excitation et la terreur se mêlent en moi, tandis que je réalise que la véritable épreuve ne fait que commencer.
AJ me prend la main, et je sens une connexion se renforcer entre nous, une confiance mutuelle qui ne fait que grandir au fil de nos découvertes. Nous descendons ensemble les marches de l’escalier, le cœur battant à tout rompre.
Les marches sont étroites et usées, témoignage du temps qui s’est écoulé depuis la dernière fois que cet endroit a été utilisé. L’air devient plus frais à mesure que nous descendons, chargé d’humidité et de l’odeur de la pierre ancienne. Une odeur de moisi se mêle à celle du mystère, et je ne peux m’empêcher de penser que l’entretien des lieux laisse clairement à désirer. Quelque part dans mon esprit, j’imagine un autre moine, armé cette fois d’un plumeau, maudissant les visiteurs clandestins.
— Si Laurie est venue jusqu’ici, elle a dû trouver quelque chose d’important, dit AJ, sa voix résonnant doucement dans la crypte silencieuse.
— Oui, et j’ai l’impression que ce n’est que le début, répondis-je en serrant un peu plus sa main. Et bien sûr, parce que tout est toujours plus compliqué que prévu dans ce genre de situations. Pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas être aussi simple qu’un panneau “c’est ici” ? Mais non, ça aurait été trop facile.
Au bas des marches, nous nous retrouvons face à une immense porte en pierre, ornée de symboles similaires à ceux que nous avons déjà déchiffrés. Cependant, cette porte semble différente, plus imposante, comme si elle cachait un secret bien plus grand. Une autre porte fermée, comme si on n’en avait pas assez vu pour aujourd’hui. Je me demande combien de portes on va devoir ouvrir avant de trouver ce que Laurie a laissé ici. Chaque pas nous rapproche de l’inconnu, et bien que je sois habituée à plonger tête baissée dans les ennuis, une petite voix sarcastique prend le contrôle et ne peut s’empêcher de râler.
— Sérieusement, une autre porte ? C’est quoi ce monastère, un parc d’attractions version cauchemar ? murmuré-je en soupirant, tandis que la fraîcheur des lieux nous enveloppe. Franchement, ce fichu moine aurait pu nous prévenir que la statue n’était qu’une étape. Un petit dépliant avec les étapes à venir, ça n’aurait pas été du luxe !
AJ me lâche la main ne semblant pas vouloir relever mes ronchonneries.
— C’est ici que nous trouverons la carte… ou autre chose, murmuré-je, consciente que nous sommes sur le point de découvrir quelque chose qui pourrait tout changer. Ou peut-être un nouveau casse-tête, qui sait ?
AJ s’approche de la porte, cherchant un moyen de l’ouvrir. Il passe sa main sur les symboles gravés, ses doigts glissant sur les reliefs avec une précision presque instinctive.
— Il doit y avoir un mécanisme, comme pour la statue, dit-il en scrutant chaque détail de la porte.
— Bien sûr, une porte secrète qui ne s’ouvre qu’avec un mécanisme caché. Parce que, clairement, des poignées ordinaires seraient trop mainstream, dis-je en levant les yeux au ciel.
Je m’approche à mon tour, observant attentivement les gravures. Au centre de la porte, un motif se distingue : une combinaison des symboles de l’étoile du matin, des cercles entrelacés, et des runes. C’est la clé. Si tout se passe comme prévu (et je prie pour une fois que ça se passe comme prévu), cela devrait nous mener là où nous devons aller. Mais une petite part de moi se demande ce qui pourrait encore mal tourner…
— Nous devons aligner ces symboles, mais dans quel ordre ? demandé-je en essayant de réfléchir à voix haute, ma voix se brisant légèrement sous l’effet de la tension.
AJ fronce les sourcils, ses yeux passant rapidement d’un symbole à l’autre, cherchant à décrypter le mystère qui nous fait face. Les gravures sur la porte semblent presque vibrer sous nos regards intenses, comme si elles attendaient que nous trouvions la clé de leur secret.
— La phrase mentionne que les Gardiens lèvent la protection lorsque l’étoile est à son zénith, répond AJ. Cela doit signifier que l’étoile doit être placée en premier, suivie des cercles, qui représentent la création, et enfin des runes, qui symbolisent les Gardiens. Ce n’est pas bien différent de la statue.
Je hoche la tête, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Chaque mot d’AJ résonne avec une étrange clarté dans mon esprit, comme si les pièces du puzzle se mettaient enfin en place. Nous n’avons pas droit à l’erreur.
Nous nous mettons au travail, ajustant les symboles dans l’ordre que nous pensons être correct. AJ commence par l’étoile du matin, la tournant doucement jusqu’à ce qu’un léger clic résonne dans l’air épais de la crypte. Un frisson parcourt mon échine, et je retiens mon souffle, priant pour que nous soyons sur la bonne voie.
Ensuite, c’est au tour des cercles entrelacés. AJ les manipule avec une précision presque instinctive, ses doigts suivant les courbes gravées dans la pierre froide. Les cercles se mettent en place avec un second clic, plus fort cette fois, comme si le monastère lui-même nous donnait son accord.
Enfin, nous arrivons aux runes. La rune de la protection, gravée plus profondément que les autres, semble résister légèrement sous la pression de ma main. Je force un peu, et avec un dernier clic, elle s’enfonce dans la pierre, comme si elle relâchait une barrière invisible qui avait été en place depuis des siècles.
Chaque mouvement est accompagné d’une tension palpable, chaque clic nous rapprochant un peu plus de la vérité. Le silence qui suit est assourdissant, comme si l’univers retenait son souffle avec nous. Puis, sans prévenir, un grondement sourd résonne à travers les murs épais du monastère, et la porte commence à s’ouvrir lentement dans un mouvement lourd et presque solennel.
Une lueur étrange, surnaturelle, émane de l’ouverture, éclairant le sol qui se révèle sous nos yeux ébahis. La lumière semble danser sur les murs, projetant des ombres mouvantes qui rendent l’endroit encore plus mystérieux et inquiétant.
— On dirait bien que nous avons trouvé notre crypte, dis-je, la voix tremblante d’excitation et d’appréhension.
Je sens ma main se crisper autour de celle d’AJ, cherchant à ancrer ma nervosité dans quelque chose de solide et de réconfortant. Ses doigts serrent les miens en retour, sa chaleur apaisant quelque peu la tempête qui gronde en moi. Malgré tout, l’angoisse ne me quitte pas, mais elle se mêle maintenant à une détermination farouche. Laurie est peut-être passée par là avant nous, et je me sens prête à affronter les mêmes épreuves pour la retrouver.
— Il est temps de voir ce que Laurie voulait que nous trouvions ici, murmure AJ en m’entraînant vers l’obscurité mystérieuse de la crypte.
Et ainsi, main dans la main, nous pénétrons dans les entrailles du monastère, prêts à affronter ce qui nous attend au-delà de la porte. L’air est plus froid à chaque pas, l’obscurité semble se refermer autour de nous, mais une lueur d’espoir, aussi ténue soit-elle, nous guide. Nous savons que chaque pas nous rapproche un peu plus de la vérité, mais aussi des dangers qui la gardent jalousement.
À suivre…
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